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21.000 dollars US pour la biodiversité.

mai 27, 2019
Economie de la nature

La biodiversité est l’une des sources de productivité économique, de prospérité et de développement durable d’une nation. Cependant, certaines pratiques agricoles menacent énormément les écosystèmes.

Au Bénin, la destruction et la surexploitation de la flore et de la faune terrestre et aquatique entraînent une perte de la biodiversité et même la disparition d’espèces et la dégradation des habitats.

Face à ces différents problèmes environnementaux, de nouvelles pratiques agricoles plus durables, qui soutiennent à la fois les agriculteurs et protègent l’environnement doivent être développées. C’est l’une des raisons qui ont motivé la formation sur les campagnes pour la conservation (Campaigning for conservation) organisée par ACED en collaboration avec

Il s’agit d’une formation conçue pour aider les organisations qui travaillent avec les communautés locales à utiliser le marketing social pour créer des groupes d'intérêt et des dynamiques favorables à la conservation. Ainsi, une vingtaine d’organisations a été formée à utiliser le marketing social pour le changement de comportement. Ils ont également reçu une formation technique en agriculture sans labour, résistante au climat.

Cette formation a permis aux participants d’apprendre à concevoir des campagnes de sensibilisation pour le changement de comportement au sein des populations à la base ; des campagnes visant à accroître l'appréciation du public pour la nature et l'adoption de comportements écologiques pour la conservation durable des ressources naturelles.

A la suite de cette formation, ACED lance une compétition sur la mise en œuvre des campagnes pour la conservation au Bénin.

Les lauréats de la compétion pour le Prix C4C 2019 sont : ACT-DEV, BEES, ECOBENIN, ODDB, CIDEV,CREDEL,

Act-Dev veut mettre en œuvre une campagne pour l’adoption de l’agriculture biologique et des techniques agroécologiques dans les cinq (5) villages de la forêt marécageuse de Lokoli. Cette forêt est l’une des plus riches en biodiversité. En effet, elle compte au total 125 espèces végétales, six (6) espèces de primates, dont le singe à ventre rouge, plus de 20 espèces d’oiseaux, la loutre à cou tacheté, une espèce de poissons décrite pour la première fois dans cet écosystème, 18 espèces d’amphibiens et plus d’une centaine d’insectes. Elle est actuellement l’unique forêt marécageuse la mieux préservée de l’Afrique de l’Ouest.

Mais elle est actuellement très vulnérable en raison de l’accroissement des terres agricoles des villages riverains où 77 % de la population pratique l’agriculture en utilisant de plus en plus d’engrais, de pesticides et d’herbicides chimiques pour améliorer la productivité agricole. Act-Dev veut former principalement les chefs d’exploitations agricoles familiales de ces villages à l’agriculture biologique et à l’utilisation de techniques agroécologiques pour protéger la biodiversité de cette forêt.

L’ONG BEES veut mettre en œuvre une campagne de protection de la Zone Tampon de la Réserve Intercommunautaire du Grand Nokoué (RIGN) dans la Commune des Aguégués. En effet, la pêche à acadja constitue l’une des principales activités de la population de cette commune. Cette méthode de pêche exploite d’importants branchages de palétuviers et d’autres espèces comme le palmier à huile pour la fabrication des acadjas.

Cette pratique a décapé les berges des Aguégués rendant ainsi vulnérables les espèces animales vivant sous ces mangroves. L’ONG BEES pour sa campagne, veut former les pêcheurs sur l’importance de la préservation des écosystèmes de mangroves et encourager la régénération végétative dans la RIGN ; toutes choses qui protègent les mangroves et la biodiversité de ce milieu.

EcoBenin veut mettre en œuvre une campagne pour l’adoption de foyers améliorés de type érythréen dans les villages de l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité (ACCB) de la Bouche du Roy. L’ACCB-Bouche du Roy est une aire du patrimoine autochtone et communautaire de la Commune de Grand-Popo qui est riche en mangroves mais qui est surexploitée par les populations locales notamment comme bois de cuisson. La campagne de EcoBenin consiste à sensibiliser et offrir des formations en construction, utilisation et entretien de foyers améliorés de type érythréen aux femmes de cette région. Elle apporte un soutien matériel tel que les grilles, les moules et l’argile pour faciliter l’adoption du foyer pour la cuisson.

ODDB ONG veut mettre en œuvre une campagne pour l’adoption de l’élevage d’aulacodes dans les villages riverains de la forêt de        Gnanhouizoun dans la commune de Bonou. Cette forêt fait partie des plus riches en biodiversité. En effet, on y retrouve 04 espèces de primates diurnes du Bénin, une grande diversité d’oiseaux et de reptiles et une flore très diversifiée.

L’une des grandes activités des populations de ce milieu est la chasse. Malheureusement cette activité devient de plus en plus incontrôlée car des espèces interdites à la chasse continuent d’y être chassées. La campagne de ODDB-ONG consiste à sensibiliser et à former les chasseurs à l’élevage d’aulacodes et sur l’importance de la préservation de ces espèces en vue de la préservation de la biodiversité animale de ce milieu.

CIDEV veut mettre en œuvre une campagne pour la protection de la réserve biologique communautaire d’Agonvè dans la commune de Zagnanado. Cette réserve offre une importante biodiversité. Elle est caractérisée par une formation éco-floristique variée notamment de galeries forestières, de forêts claires, de savanes et d’un ensemble de forêts marécageuses. On y rencontre également des mammifères tels que le Sittatunga, le céphalophe à flanc roux, le phacochère, le potamochère, le guib harnaché, le lièvre, l’aulacode, l’écureuil fouisseur et le porc-épic. Elle est côtoyée par le lac Azili très riche en espèces halieutiques. La réserve est située sur un domaine communal protégé et sécurisé par un arrêté communal.

Malheureusement, malgré la protection législative dont elle bénéficie, cette réserve fait l’objet de pressions anthropiques diverses telles que la chasse clandestine et le prélèvement de bois d’œuvre par les riverains. La chasse illégale est très pratiquée par la population d’Agonvè. La campagne de CIDEV ONG consiste à former les chasseurs de Agonvè et leur donner un appui en matériels pour le démarrage de nouvelles activités génératrices de revenus telles que l’élevage, le maraichage et la pisciculture.

CREDEL ONG veut mettre en œuvre une campagne pour la protection de la lagune côtière de Ouidah. En effet, cette lagune est une grande source de biodiversité. Elle regorge de différentes espèces floristiques et fauniques telles les palétuviers, les carpes, la sardine, le mâchoiron, le poisson chat, les crustacés, les crabes, les huitres et les tortues. De même la salinité de cette lagune permet de recueillir du sel. Douze villages se retrouvent de part et d’autres de la lagune côtière de Ouidah.

Les principales activités de cette population sont l’agriculture et la pêche. Toutefois, les méthodes de pêche utilisées nuisent aux ressources halieutiques de la lagune. De même, on observe une utilisation abusive des intrants chimiques par les agriculteurs ; intrants qui sont drainés vers la lagune. Ceci influe sur la qualité des eaux et pourrait affecter la flore et la faune de cette lagune et entraîner leur disparition.

La campagne de CREDEL ONG consiste à former les agriculteurs des villages environnants la lagune côtière de Ouidah à l’utilisation des méthodes biologiques et respectueuses de l’environnement telles que le compost, le paillis, les fientes de poulets, la rotation culturale pour lutter contre l’utilisation abusive des intrants chimiques.